Bonjour à tous.
@bluetonga Cher bluetonga, comme vous je pense que la dimension psychologique devrait être davantage creusée. Ce qui me frappe, au-delà des rapports de force, des intérêts en jeu, des mécanismes économiques et politiques, c’est l’état de délabrement intellectuel et mental des élites occidentales et de leurs suiveurs. On l’explique souvent par l’incompétence (c’est le plus simple et le plus politiquement correct), par l’idéologie dogmatique, par la corruption, par la soumission. Je pense que c’est beaucoup plus grave et plus profond que ça. C’est impressionnant de voir en temps réel (pas dans les livres d’histoire) l’effondrement d’un Empire. Maintenant je comprends que c’est d’abord un effondrement intellectuel et moral par perte de contact avec la réalité, par une lecture idéologique du réel jusqu’à l’enfermement mental dans un passé qui n’existe plus. La période de crise que nous traversons nous révèle de manière spectaculaire l’état de décrépitude mentale et morale de nos dirigeants, qui sont fortement déconnectés de la réalité : sous les yeux stupéfaits des pays du monde entier hors occident, ils étalent leur bêtise, leur courte-vue, leur suffisance, leur déni de réalité. Nos dirigeants se comportent comme des enfants capricieux et mal élevés qui s’arrêtent de respirer jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent. Mais l’époque où le reste du monde se pliait à leurs désirs est révolue. Ils sont tellement arrogants qu’ils en deviennent irrationnels : ils prennent des sanctions contre la Russie sans voir plus loin que le bout de leur nez, sans se rendre compte qu’ils se mettent eux-mêmes dans la merde. Ils sont dans une mentalité magique, s’imaginant qu’ils obtiendront ce qu’ils veulent simplement parce qu’ils le veulent et parce que ça a toujours été comme ça. Ils confondent en permanence ce qui doit être (selon eux) et ce qui est. Le principe de réalité et la causalité ne pouvant pas être abolis, ils se condamnent à se prendre régulièrement de grands coups de réalité sur la tête. Contrôler ce que pensent les gens par des mensonges et de la propagande, ça marche, oui, mais ça finit par se retourner contre eux car ils y croient eux-mêmes : ils s’auto-intoxiquent au point que leur perception du réel ne peut se faire que dans la douleur.
C’est un état qui affecte toutes les couches de la société, des élites politiques et médiatiques jusqu’aux simples citoyens, quel que soit le niveau d’études et d’intelligence. Nous (1) sommes aveuglés par notre occidentalocentrisme : nous sommes persuadés d’être dans le vrai et le bien ; nous sommes persuadés que ceux qui pensent différemment et qui s’opposent à nous sont des méchants. Le plus stupéfiant c’est la cécité de l’Occidental moyen face aux destructions, aux pillages et aux crimes commis par l’Empire américain et ses vassaux depuis plus de trente ans.
Quand, dès la deuxième semaine du conflit en Ukraine, je disais à mes proches et à mes amis de faire des réserves de nourriture et de carburant, je sentais, à distance, au mieux du scepticisme, au pire un sourire condescendant. J’espère que maintenant ils commencent à comprendre que Washington est prêt à faire la guerre à la Russie jusqu’au dernier Européen. J’espère qu’ils comprennent aussi que les dirigeants européens se foutent complètement du bien-être de leurs populations.
(1) Quand je dis « nous » je veux parler de la majorité, car il existe, Dieu merci, dans chaque pays occidental, un pourcentage de la population qui résiste et qui est réfractaire à la propagande. Ce groupe de personnes est minoritaire mais il augmente au fil des ans. Ils peuvent se tromper, bien sûr, en adoptant eux aussi une position idéologique et partisane, mais au moins ils ne sont pas soumis au diktat des médias mainstream.